Nobel de médecine : pourquoi l’immunothérapie est une révolution
Nobel de médecine : pourquoi l’immunothérapie est une révolution
Par Rédacteur le 01.10.2018
Le prix Nobel de "physiologie ou médecine" a été remis ce lundi 1er octobre 2018 à James P. Allison et Tasuku Honjo pour leur travaux sur l'immunothérapie. Retour sur une technique révolutionnaire dans un entretien que nous avait accordé Virginie Westeel, pneumo-oncologue, en 2016.
NOBEL. Le prix Nobel de "physiologie ou médecine" a été remis ce lundi 1er octobre 2018 à l'Américain James P. Allison et le Japonais Tasuku Honjo pour leur travaux sur l'immunothérapie. Une technique révolutionnaire, comme nous l'expliquait en avril 2016 Virginie Westeel, pneumo-oncologue au CHRU de Besançon et à l'Institut régional fédératif du cancer de Franche-Comté. Un entretien à (re)découvrir ci-dessous.
Virginie Westeel : Si le cancer du poumon a pu se développer, c'est parce que les cellules cancéreuses ont trouvé le moyen d'endormir l'immunité du patient. L'immunothérapie va donc "réveiller" le système immunitaire pour qu'il reconnaisse à nouveau les cellules tumorales à combattre. C'est une révolution dans nos pratiques.
Comment fonctionne-t-elle ?
Les cellules tumorales expriment à leur surface des récepteurs (PDL1), et les lymphocytes T en expriment d'autres (PD1). Leur interaction inhibe les défenses antitumorales de l'organisme. C'est la récente découverte d'anticorps monoclonaux appelés anti-PD1/PD-L1 ou "inhibiteurs de check-point de l'immunité" qui a permis l'essor des immunothérapies pour certains types de tumeurs, en particulier le cancer du poumon. Donnés au patient par perfusion, les anti-PD1/PD-L1 bloquent ces récepteurs tumoraux, permettant ainsi de rétablir la réaction immunitaire contre les cellules cancéreuses.
À quels malades s'adressent les immunothérapies ?
L'Opdivo est, pour le moment, le seul traitement d'immunothérapie autorisé dans le cancer du poumon. Il est indiqué dans le traitement de deuxième ligne (après chimiothérapie) du cancer bronchique non à petites cellules (CNPC) épidermoïde. Les études montrent également l'intérêt de ce type de traitement dans les CNPC non épidermoïdes. Cepen Cependant, les bénéfices sont variables d'une personne à une autre.
Quels sont les traitements en développement ?
L'immunothérapie ouvre de nombreuses possibilités. Au CHRU de Besançon, nous travaillons sur un vaccin thérapeutique qui sera testé chez l'homme à partir du printemps 2016. Le principe est d'injecter au patient un antigène qui va, là aussi, entraîner une stimulation de la réponse immunitaire antitumorale. Par ailleurs, des essais de traitement de première ligne, donnés en première intention, sont en cours pour les CNPC, ainsi que des traitements pour le cancer du poumon à petites cellules. On cherche également à mieux définir quels patients tirent le plus de bénéfice de ces traitements, à cibler d'autres récepteurs que PD1/PD-L1, et à évaluer l'association de plusieurs immunothérapies.
Le succès de l'immunothérapie contre le cancer du cerveau
En janvier 2017, un patient atteint d'un glioblastome métastasé est encore en vie plus d'un an après le diagnostic : c'est le premier succès de l'immunothérapie dans le cancer du cerveau . L'efficacité de cette technique face à des tumeurs solides est enfin démontrée. Le schéma ci-dessous résume la technique utilisée.
Le prix Nobel de médecine 2018 est attribué à James P. Allison et Tasuku Honjo
le 01.10.2018
Le prix Nobel de "physiologie ou médecine" a été remis ce lundi 1er octobre 2018 à James P. Allison et Tasuku Honjo pour leurs travaux sur l'immunothérapie.
Lundi 1er octobre, c'est l'ouverture de la saison des Nobel 2018. Les plus prestigieux prix scientifiques remis par une académie suédoise que l'AFP n'hésite pas à dire "en lambeaux" (voir encadré). Le prix de "physiologie ou médecine" a été annoncé à 11h30 (heure française) à Stockholm : il est attribué à l'Américain James P. Allison et le Japonais Tasuku Honjo pour leurs travaux sur l'immunothérapie. Cette technique a recours à des lymphocytes T activés ou des anticorps (anti-PD1 par exemple) qui déclenchent le réveil du système immunitaire du patient. Non seulement, l'immunothérapie réduit la taille des tumeurs mais elle prolonge notablement la survie des malades, voire les guérit de cancers à des stades avancés.
En 2015 déjà, Sciences et Avenir voyait l'Américain James Allison recevoir le prix Nobel pour l'immunothérapie cellulaire anti-cancéreuse, approche efficace dans le mélanome malin, le cancer du rein et celui du poumon, y compris au stade métastatique. Son efficacité dans de multiples cancers a été démontrée dès 2015, c'est pourquoi cette année, l'immunothérapie était la "star" de l'Asco (le congrès de la Société américaine d'oncologie clinique).
La semaine des Nobel
Suivront la physique mardi, la chimie mercredi et l'économie lundi 8 octobre. Entretemps à Oslo, le 5, sera dévoilé le lauréat du Nobel de la paix. En 2017, le prix Nobel de médecine avait été remis à trois Américains spécialistes de l'horloge biologique. Selon les termes de l'Assemblée Nobel, les scientifiques avaient été récompensés pour "leurs découvertes des mécanismes moléculaires qui règlent le rythme circadien", lequel s'étend sur 24 heures et permet aux êtres vivants de s'adapter aux différents moments de la journée et de la nuit. En 2016, il était allé au Japonais Yoshinori Ohsumi pour sa contribution à la compréhension du renouvellement des cellul
#MeToo Le cru 2018 des Nobel est marqué par le report du prix de littérature, une première depuis près de 70 ans, conséquence de l'affaire Jean-Claude Arnault. Ce Français installé depuis le début des années 1970 à Stockholm, marié à une académicienne, encourt plusieurs années de prison pour le viol en 2011 d'une jeune femme, révélé dans la foulée du mouvement #MeToo en novembre 2017. Le scandale a mis au jour les liens étroits entre Arnault et l'Académie suédoise qui finançait son club stockholmois et observait le mutisme complet sur ses écarts de conduite pourtant notoires, selon ses accusatrices. L'annonce de son verdict est attendu quelques minutes avant le nom des lauréats du prix de "physiologie ou médecine".