En vieux bois terni par l'usage, ma commode semble faire fi au décor en assumant son anomalie face aux courbes fines arabesques des meubles en fer forgé qui l'avoisinent.Défiant le temps et l'usure, elle respire à plein poumons la vie , les souvenirs qu'elle renferme jalousement au fond de ses quatre tiroirs.
Immuable, impassible, son for interieur regorge de vieilles photos jaunies par le temps.Des objets fétiches , sans valeur aucune, des pacotilles et mes toutes premières lettres d'amour dont je n'arrive pas à me défaire.
Dans mes colères soudaines, et parfois dans mon mal de vivre, je m'acharne sur ma commode, je la fouille de fond en comble.Je fais ressortir tous ces souvenirs étouffants qui sentent le moisi et la poussière.Je déchire quelques photos, quelques lettres aussi...dans l'espoir d'alleger un peu mon fardeau.
J'avais comme le pressentiment que ma commode m'en voulait à mort, et elle semblait me dire: DE QUEL DROIT VIOLES-TU MON INTIMITE?
alors je recolle les morçeaux et je rends à ma commode ce qui, desormais lui appartient à jamais...