J'ai peur. Mes jours s'en vont sans charme et sans tendresse
Je m'approche, éperdu, bien que robuste et fort,
De la fosse glacée où réside la Mort
Oubliant à jamais l'angoisse qui m'opresse.
J'ai toujours étouffé la voix de ma jeunesse
Pour que, si je pouvais avoir un meilleur sort
Mon bateau chancelant parvienne à quelque port
Où tromper l'âge ingrat qui me guette sans cesse
Que ma jeunesse ait pu supporter l'âpre ennui
Je ne peux, maintenant que la force m'a fui
Que vivre en languissant et traînant les malchances
Mais, je n'ai dévoilé que d'infimes secrets!
A peine ai-je vécu la saison des souffrances
Que j'entre, résigné, dans l'ère des regrets