[شدبير]

Dialogues imaginaires


Françoise est allongée sur le sol,l'air très perturbé.Elle vient
d'essayer d'explorer à fond,pour la dépasser,une sensation de "blocage d'énergie"entre sa tête et son ventre.Elle avait,a-t-elle expliqué au groupe,mal au ventre,elle sentait un lien entre les deux sensations,plus une envie de vomir,mais son cou est serré comme dans un carcan,rien ne passe.Et voilà qu'elle se retrouve avec une sorte de tétanie des mains et des avants bras.Elle sent la paralysie gagner tout lentement son corps.
En cercle autour d'elle,le groupe silencieux,regarde.L'animateur s'est approché tout près de son visage:
"Qu'est ce que tu sens maintenant?
"-Mes mains.Elles sont en train de mourir.Je ne sais pas pourquoi,je ne sais pas quoi faire.
"-Essaie de leur parler.Fais-les te répondre.Vous arriverez peut être à vous comprendre."
Françoise hésite quelques secondes,perplexe,puis se dit qu'après tout pourquoi ne pas essayer.
"Pourquoi me faîtes vous ça?Qu'est ce qui vous prend?Je me sens comme si j'étais en train de mourir!
"-Mais nous voulons précisément te tuer",répondent les mains par la voix de Françoise, en se rapprochant insensiblement,presque d'un mouvement autonome,de son cou.Elle a l'impression,en tout cas,qu'elle serait incapable de les arrêter sans un gros effort de volonté qui mettrait fin à toute l'expérience-mais pas,sans doute,à la sensation de tétanie.
Soudain,elle sent monter en elle une grande colère.
"Moi aussi,je voudrais vous tuer!" crie-t-elle à ses mains en les rejetant brutalement sur le tapis."Vous couper.Vous êtes mes ennemies.Vous ne faîtes pas partie de moi.
"-Tu voulais nous couper avant.C'est pour ça qu'on te tue.C'est comme ça que tout a commencé.Parce que tu voulais nous couper.
"-Vous êtes coupées.Je vous sens tout à fait détachées de moi."
C'est bien ce que nous voyons:les mains ont cessé de se rapprocher du cou de Françoise.Elles sont retombées, inertes ,à ses côtés .Françoise regarde l'animateur."Mes mains sont toujours mortes mais je sens mes avant-bras revivre.
"-Continue à parler à tes mains.Essaie de voir pourquoi elles refusent encore de faire partie de toi.Ce qu'elles ont fait pour que tu veuilles les couper."
Françoise reprend le dialogue.
"Je veux vous couper parce que vous ne m'obéissez plus.
"-Tu nous brimes.Tu nous empêches de faire ce que nous voulons.
"-Mais qu'est ce que vous voulez faire?
"-Qu'est ce que des mains peuvent vouloir faire?Toucher,bien sûr.Des mains,c'est fait pour ça.Toucher,fourrager,sentir du bout des doigts,des paumes.Se faire plaisir en touchant.La jouissance du contact,tu connais?Nous voulons prendre et donner le plaisir."
Françoise rougit jusqu'aux oreilles.Elle reste longtemps silencieuse.Silence pesant.Le groupe attend.Puis,d'une toute petite voix,elle murmure:"Je ne me souviens pourtant pas de m'être jamais masturbée quand j'étais petite.Ni qu'on me l'ait jamais interdit..."
Puis, surprise,elle regarde ses mains.La vie, tout doucement,est en train d'y revenir.Sa tête avait oublié le vieil interdit.Ses mains,elles,s'en souviennent."Reconnues",elles peuvent faire la paix...

HISTOIRE ET DOCTRINES DE LA GESTALTTHéRAPIE
De tels dialogues imaginaires-mais profondément vécus,comme dans une expérience d'hallucination-sont caractéristiques de la gestaltthérapie,mise au point vers la fin des années 1940,aux états-unis,par un ex-psychanalyste d'origine allemande,Fritz perls,et en train de devenir,outre-atlantique,une des plus en vogue des nouvelles thérapie liées au mouvement humaniste et existentiel.

Ce n'est qu'un avant gout de cette thérapie qui continue à être adoptée par les nouvelles doctrines modernes.Je vous laisse y réfléchir et bien sûr notre sujet ne fait que commencer.A bientôt mes amis