Dans notre vie d'enseignants, nous avons tous connu un jour où l'autre des élèves tout à fait particuliers. Vous me diriez que d'une manière ou une autre, tous le sont. Assurement , oui! mais , il y'en a qui ont eu le don de nous émouvoir, d'autres qui nous ont épaté, ceux qu'on a aimé, et ceux qui nous ont fait friser la folie.
Dans mon propre périple , j'avais eu dans une classe de CE5 un jeune garçon d'environ treize ans, qui avait le don extraordinaire de mémoriser uniquement par l'ouie.
Ce fut en corrigeant ses dictées, que je découvris qu'il écrivait avec une toute autre langue que le français.Il étalait sur sa copie une succession de voyelles et de consonnes qui donnaient à peu près l'image suivante: lldjcncdruzhlcmcaonivuoge...
Quand je lui demandai de me relire le texte, il le faisait avec une rapidité étonnante, dans une lecture parfaite.Il était le meilleur élève en cours d'arabe, et celui qui raflait les meilleures notes pendant la restitution des poèmes et des micro dialogues...et pourtant , il écrivait un français que lui seul pouvait lire!
J'avoue avoir usé de tous les bons moyens pour remédier à ce dilemme, afin qu'il puisse associer l'écrit à l'oral, mais cet élève fut un de mes gros echecs dans ma vie d'institutrice.
Je ne fus soulagée que le jour où son père vint m'annoncer que son fils avait rejoint une école spécialisée pour l'enseignement de la langue arabe classique.
C'est à ce moment que je réalisai que cet élève avait bien saisi le véritable sens du développement des compétences...bien avant moi!