Cette lettre anecdotique est une illustration comique de cette spécificité des être vivants qui fait les tragédies de l’humanité : L’égoïsme.
Les jugements dépendent de qui les édicte. Ce que l’on ne tolère pas chez autrui se justifie aisément pour nous et ce sont toujours nos propres douleurs qui sont les moins supportables.
Tel médecin coutumier, jusqu’à l’indifférence, des souffrances de ses malades et des impasses sociales et financières où ils se débattent, se révolte à grands cris lorsqu’il est touché dans sa propre chair ou que ses proches son concernés…
Exemple :
Une brave mère de celles que la sonnante soixantaine rend la personnalité geignarde se plaignait en ces termes de sa belle fille :
« Ah mon pauvre fils est bien mal marié, vraiment, et sa diablesse d’épouse le tourne en bourrique ! Du matin au soir, le malheureux fait l’esclave.
Figurez-vous que dés le réveil, il apporte à madame le petit déjeuner au lit (dans lequel elle paresse toute la journée, l’incapable) puis il fait le marché, prépare même les repas, s’occupe de la vaisselle ! En plus elle le ruine avec ses robes et ses bijoux…. »
Or il se trouve que cette même dame avait une fille, elle aussi mariée, dont elle disait ceci :
« Par contre, je rends grâce à Dieu pour le bon mariage qu’a fait ma fille. Quel gentil mari, vraiment ! Très amoureux, prévenant, plein d’attention.
Par exemple, c’est lui qui fait le marché, qui s’occupe de la maison, du linge, de la vaisselle. Jusqu’au petit déjeuner qu’il lui sert au lit ! Ah ma chère fille le mérite bien, il sait d’ailleurs combien elle a de valeur et
la couvre de cadeaux !! »
Préfét.