Le réflexe conditionné chez chacun de nous est de percevoir toute agressivité comme une provocation, une attaque qui donc entraîne, pour se défendre, une réponse agressive. Le plus souvent cela mène à une escalade qui finalement n’apporte aucune solution et en plus a tendance à aggraver les choses.e
Comment se comporter dans pareil cas ? Bien sûr, on ne dira jamais assez que la meilleur chose est de ne pas envenimer la situation en surréagissant, que le mieux est de rester « zen ». Mais plus facile à dire qu’à faire ! Et puis il ne s’agit pas non plus de sombrer dans une forme d’immobilisme ou d’inaction, qui serait perçue par les élèves comme une autorisation à faire n’importe quoi. Alors comment faire ?e
Avoir une juste perception : l’agressivité, signe de faiblesse
Il est important de prendre conscience que l’agressivité est une expression de faiblesse de celui qui l’utilise : c’est parce qu’elle se sent blessée ou qu’elle a peur d’être blessée qu’une personne fait preuve d’agressivité.e
On peut distinguer généralement 3 types :e
- Les faux calmes : ils n’osent pas dire leur rancœur. Donc ils accumulent. Et telle une cocotte minute, dont l’intérieur est en ébullition, il y a inévitablement un moment où ça explose. Dans ce cas, il n’est pas rare que l’agressivité, se transforme en violence. Pour les jeunes qui appartiennent à ce type la solution est de les amener, de les encourager à s’exprimer quitte à les laisser éclater une colère passagère.e
- Les hypersensibles : Ils partent au quart de tour à la moindre remarque qu’ils jugent déplaisante. Ici il faut leur apprendre à prendre du recul sur les choses, à relativiser.e
- Les « faux » forts : Chez eux l’agressivité est un mode de communication, notamment pour s’imposer. Plus que d’autres, ils ont peur de paraître faible et donc leur devise est qu’il est bien plus préférable d’agresser que de prendre le risque d’être agressé. Cette réaction s’explique par une faiblesse cachée (ce qui n’excuse en rien le comportement): plus on se sent vulnérable plus la réaction de défense doit être forte, quitte à écraser une mouche avec un marteau pilon !e
Ayant pris conscience que l’agressivité n’est pas une attaque vis à vis de soi-même, mais plus l’expression de problèmes personnels, il est alors possible de déployer un antidote très efficace : l’humour et la dérision.e
Sens de l’humour et de la dérision, antidote à l’agressivité
Pourquoi l’humour et la dérision est la meilleure réaction possible ? Car cette réaction est décalée, elle prend à contre pieds l’agresseur qui ne s’y attend pas. Cet effet de surprise, en complet décalage s’appelle en psychologie comportementale (Milton Erickson) la «dépotentialisation». La personne qui agresse ne sait plus vraiment comment réagir car l’humour n’est pas une attaque. Et pour peu que la situation se déroule en public, comme par exemple un enseignant, un formateur dans sa classe, les éclats de rires des autres élèves vont créer une gène chez l’élève agresseur, gène qui le stoppera net. Attention ! pour que l’humour soit efficace il faut qu’il transmette un message « pacifique », qu’il ne soit pas blessant. Pour éviter ce travers il faut toujours rire d’un comportement, jamais de la personne d’où la pratique de la dérision et si possible de l’autodérision.e
Bien entendu ce sens de l’humour ne se décrète pas, il ne vient pas comme cela par hasard ou sous la simple volonté des choses. Il y a quelques conditions à respecter:e
. Mettre son ego de côté, ne pas faire d’une agression une affaire personnelle. Plutôt regarder la situation sous un angle qui vous avantage : l’occasion d’aiguiser et de travailler justement son sens de l’humour par exemple.e
. L’humour c’est quelque chose qui se développe, qui se cultive. Plus que tout il fait appel à notre sens créatif qui doit être travaillé. Donc exercez-vous quotidiennement à pratiquer l’humour. Pas besoin de sortir des grandes formules. Déjà prendre le parti d’en rire, faire un sourire peut suffire et constitue un bon début. Ayez à l’esprit que tout s’apprend, même l’humour et que cela demande de la pratique.e
. Être capable de faire preuve d’autodérision, de rire de soi. Cela permet de détendre l’atmosphère ! Par exemple si un élève lance à son professeur « Monsieur vous êtes un imbécile » celui doit être capable de répondre « oui !! Je suis un imbécile ! » et d’ajouter éventuellement « mais ne pensez-vous pas que votre commentaire soit une insulte à l’intelligence ?»e
Passer à un autre sujet le plus rapidement possible
Enfin, une fois que vous avez utilisé l’humour il faut couper cours et passer à un autre sujet. Trop souvent l’échange verbal prend l’allure d’une bataille. L’important est de comprendre qu’il ne faut pas vouloir chercher à gagner, ou à avoir raison. La bataille cessera de toute façon, faute de combattant. Après avoir accueillit la chose avec humour voici quelques phrases types qui aident à revenir à l’essentiel :e
c’est ce que vous pensez. Bon maintenant revenons à notre sujet
avez-vous fini de vous exprimer ? Concentrons-nous sur des choses importantes ! e
avez-vous une remarque intelligente à faire ? Si non revenons à notre sujet
Source: Apprendre à apprendre