Des odeurs peu familières me traversèrent. Je sentis une froideur qui caressa mon corps. J'eus comme une impression de nudité. Le simple fait d'y penser me choqua. J'essayai d'ouvrir les yeux, mais je n'y arrivai pas. Ils étaient collés, scellés, cousus. J'essayai de soulever ma main, mais je la sentis lourde; je ne la sentis plus; je n'eus plus de main. Pourtant, hier, peut-être, je n'en avais pas qu'une, mais deux. Je paniquai
Je fus toujours matinal; réglé à l'aube sans réveil. Mon horloge biologique m'indiqua l'aube. Pourtant je ne fus pas réveillé. Mais, maintenant, à l'instant, je suis conscient. Je suis conscient que je ne suis pas réveillé. J'essayai de me ressaisir. Aujourd'hui, c'est mardi puisque hier c'était lundi. J'essayai de me ressaisir. Hier c'était lundi, donc aujourd'hui c'est mardi. Mon horloge biologique me lâcha. Elle ne mentionne plus les jours de la semaine. Lundi, mardi ne sont pas biologiques. Tous les jours peuvent être des lundis, des mardis, autre chose ou n'importe quoi. Je paniquai
J'essayai de me ressaisir. J'ai dû avoir un prénom. Le prénom ne s'use pas. On le porte depuis le septième jour, avant le septième jour, parfois avant de naître. Tant que je fus, il restera collé à ma peau. A ma mort, il sera transcrit sur ma tombe. Combien de fois l'eus-je entendu? Combien de fois l'eus-je écrit? Il fut forcément mémorisé. Je paniquai
Je me ressaisi. Je vais compter jusqu'à trois, et je vais annoncer l'heureux événement. Je suis encore nu. Je vais me baptiser. Un...Je me rappelle des chiffres. Deux... Je me rappelle des lettres. Je construis des phrases. Je cogite donc j'existe encore. Trois...Trois...Blanc...Blanc immense, absorbant. Je viens de perdre mon prénom...A suivre...