magnifique ile de Tetiaroa, dans un village où tout le monde était heureux. Les arbres faisaient danser leurs majestueuses feuilles. A l'aube, les cocotiers se penchaient avec grâce pour saluer l'île entière, avec tous ses villageois. Les fleurs, parées de pétales multicolores, aimaient se laisser caresser par le vent doux et frais. Au coucher du soleil, les petits « fare » qui bordaient le rivage de l'île dégageaient de doux reflets dorés sur l'eau limpide. Le lagon avait tous les bleus les plus fantastiques. Toutes sortes de trésors y habitaient : des coraux aux formes variées, des poissons aux formes éclatantes qui adoraient jouer à cache-cache dans les coraux, des étoiles de mer, des algues fluorescentes et de splendides coquillages qui endormaient à la tombée de la nuit les habitants du récif, avec leurs chants mélodieux. Vaihiti, la déesse de la mer, régnait sur tout cet univers. Elle était si bonne que tous ses sujets aimaient lui rendre hommage. Ce qui attirait surtout l'attention des habitants du village c'était les oiseaux qui chantaient et volaient en toute liberté en déployant leur larges ailes. Il y en avait de toutes sortes et de toutes espèces. C'était un véritable spectacle. On pouvait voir des noddis se dandiner sur la plage, des sternes planer au-dessus de l'eau à la recherche de nourriture, des fous s'éclabousser dans l'eau, de frégates gonfler leur poche rouge pour attirer les femelles. C'était le paradis. On le voyait souvent danser sur la plage en poussant des cris aigus. Philippe RAUST, un sympathique ornithologue qui avait pour mission d'étudier les oiseaux, aimait se mélanger à eux, les soigner : il était leur protecteur. Tous les jours il regagnait son observatoire pour surveiller ses protégés avec ses jumelles. Vaitahi, un jeune garçon du village, habitait tout près du rivage avec ses parents, dans un beau petit « fare » en « niau ». Agé de dix ans, les cheveux noirs et courts, le teint bien bronzé, il aimait se vêtir d'un petit « pareu » à fleurs. Ce qu'il aimait surtout c'était d'aller faire de longues promenades le long des plages. Un jour, alors qu'il marchait tranquillement, il vit le feuillage s'agiter en face de lui. Inquiet il essaya malgré tout de garder son sang-froid. Soudain un magnifique oiseau surgit de la cocoteraie. C'était un oiseau qu'il n'avait encore jamais vu : un oiseau aux plumes fines et multicolores. Elles scintillaient encore plus que les étoiles et ses yeux étaient bleu foncé. Vaitahi était émerveillé. L'oiseau se mit alors à danser devant Vaitahi. Une danse tellement gracieuse que l'enfant fut charmé. L'oiseau alla ensuite se poser sur l'épaule de Vaitahi et à partir de ce jour là, ils devinrent de véritables amis, inséparables. Partout où allait Vaitahi, l'oiseau le suivait. On les voyait souvent jouer dans le lagon, sauter, plonger, planer, taquiner les coquillages et les poissons. Au village tout le monde aimait l'oiseau. C'est pour cela qu'on l'appela Manuhere. Mais un jour, une maladie mystérieuse frappa l'oiseau. Il n'arriva plus à manger, à voler, il était de plus en plus mal et bientôt il tomba dans un profond sommeil. Vaitahi essaya de le soigner, mais Manuhere ne guérit pas. Très inquiet, il appela des habitants du village qui partirent à toute vitesse lui préparer un médicament avec les feuilles des arbres. On lui fit boire ce médicament, mais l'oiseau ne bougea pas. Pour le ramener à la vie, les cocotiers et les oiseaux lui envoyaient du vent avec leurs palmes et leurs ailes. Les fleurs lui faisaient respirer leurs doux parfums. Mais l'oiseau ne bougeait toujours pas. Fou d'angoisse, Vaitahi, suivi des habitants du lagon, alla demander secours à la déesse de lamer. Elle lui fit des massages avec une huile spéciale, on le plongea dans un bain d'algues. Mais l'oiseau ne revenait toujours pas à la vie. Philippe RAUST, suivi de ses oiseaux, accourut avec sa sacoche. Il ausculta Manuhere, chercha dans son livre d'oiseaux les causes de cet étrange mal, essaya de lui faire des massages cardiaques. Mais aucun résultat. Alors, désespérés, voyant que rien ne pouvait sauver Manuhere, tout le monde s'assit autour de l'oiseau,découragés, Vaitahi se tenait près de lui, les yeux remplis de larmes. Et là, on entendit s'élever jusqu'au cieux un chant merveilleux, rempli d'amour, c'étaient tous les amis de notre pauvre oiseau qui lui envoyaient des paroles d'amitié, d'amour, d'espoir. On chanta toute la nuit. Soudain, juste au moment où le soleil apparut à l'horizon, on vit Manuhere commencer à remuer les ailes, ouvrir ses yeux et se redresser lentement. « Sauvé! Manuhere est sauvé! » cria- t-on. C'était un vrai miracle! Tout le monde se leva, voulut serrer l'oiseau dans ses bras. Vaitahi sautait de joie. On dansa toute la journée pour fêter sa guérison miraculeuse. Plus tard, quand on demanda à l'oiseau ce qui l'avait ramené à la vie, il expliqua que c'était l'amour, l'amour qu'il avait ressenti tout autour de lui qui avait pénétré son coeur et qui l'avait réveillé.
Epilogue : A Tetiaroa, par l'amour, vous pouvez guérir quelqu'un que vous aimez.