Di-Antalvic interdit dans le monde
Le Maroc anesthésié
· Sanofi-Aventis Maroc attend la réaction du ministère de tutelle
Cinq jours se sont écoulés depuis l’annonce mondiale du retrait de tous les médicaments contenant du dextropropoxyphène (DXP), un opiacé antidouleur associé au paracétamol dans le Di-Antalvic et ses génériques. Pourtant, au Maroc, aucune réaction officielle n’a été enregistrée à ce jour alors que les médecins continuent à prescrire ce médicament. Faut-il attendre que le nouveau responsable de la direction du Médicament et de la Pharmacie prenne ses fonctions avant d’avoir une réaction officielle? (voir notre rubrique De Bonnes Sources).
«Les médecins qui sont au courant des décisions prises au niveau international et surtout des effets secondaires du médicament prennent l’initiative d’arrêter la pre******ion», précise le Dr Mohamed Naciri Bennani, président du SNMSL (Syndicat national des médecins du secteur libéral). «Mais le risque vient des pharmaciens qui délivrent les médicaments sans pre******ion médicale», rappelle-t-il. Contacté par L’Economiste, Sanofi-Aventis Maroc dit suivre le dossier de très près. Di-Antalvic, son médicament, était délivré sur ordonnance depuis 1964. «Suite à cet avis de retrait progressif, nous sommes en contact avec les autorités de santé marocaines qui décideront de la suite à donner à ce dossier. Nous avons fourni l’ensemble des informations scientifiques sur ce sujet. C’est le ministère qui doit décider du retrait progressif ou non», indique la firme dans un communiqué. Sanofi-Aventis Maroc précise que l’association DXP/PC (dextropropoxyphène/paracétamol) est un médicament antalgique. Il est indiqué dans le traitement des douleurs modérées ou intenses, qui ne sont pas soulagées par l’aspirine, le paracétamol ou l’ibuprofène, utilisé seul. L’on recense plusieurs spécialités pharmaceutiques renfermant cette association commercialisées au Maroc, dont Di-Antalvic.
L’un des meilleurs calmants de la douleur sera ainsi retiré de toutes les officines dans une année de toute l’Europe. La France prépare déjà l’après Di-Antalvic, en étudiant l’impact sur la santé des médicaments de remplacement et la possibilité de dérogation pour les malades ne pouvant s’en passer.
Pour rappel, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a dû s’aligner sur une décision prise jeudi dernier par l’Agence européenne du médicament (EMEA). L’Afssaps prévoit un retrait définitif d’ici un an pour laisser aux médecins le temps de trouver des alternatives adaptées aux malades. Pour les aider, un groupe d’experts va être chargé d’émettre de nouvelles recommandations.
Les Français sont les premiers concernés par cette nouvelle recommandation, puisqu’à eux seuls ils représentent 95% de la consommation européenne de l’association paracétamol/DXP. Huit millions de personnes prennent régulièrement du Di-Antalvic en France, de très loin le plus gros marché européen pour ce médicament, qui cause selon l’Afssaps seulement 2% des décès par intoxication médicamenteuse...
Dangereuse association
Les médicaments vont être retirés en raison du caractère toxique de la combinaison en cas de surdosage, volontaire ou accidentel. Ce retrait est déjà effectif en Grande-Bretagne et en Suède depuis cinq ans. En Suède (pour 9 millions d’habitants), des études ont relevé 200 morts par an et en Grande-Bretagne (pour 60 millions d’habitants), entre 300 et 400 par an, à l’occasion d’intoxications volontaires (tentatives de suicide) ou accidentelles à ce médicament.
d8sF. Z. T. / L'Economiste
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